19/06/2019
"Donald et Matteo : un mariage d’intérêt."
Italie. Revue de presse.
Les déclarations de D. Trump contre l’Europe font les Unes des medias italiens : « Maintenant Trump attaque l’Europe » (Corriere della Sera), « Trump attaque, le chantage américain à Salvini » (La Repubblica), « L’aide de Draghi à Conte pour la négociation avec l’UE. Trump : il veut dévaluer l’euro » (La Stampa), « Action de Draghi, Trump attaque » (Il Messaggero), « Monnaies, tension UE-Etats-Unis et Facebook défie le monde » (Il Mattino), « Draghi : nouveau QE. Trump : BCE déloyale » (Sole 24 Ore).
ANALYSE, Il Mattino, A. Campi « Ligue et gouvernement, conséquences du coup de barre pro-américain » : « En 1947, Alcide De Gasperi avait effectué une mission historique aux Etats-Unis dirigés par Truman. Suite à cette semaine de rencontres, la politique italienne avait changé, peut-être pour toujours, et un nouveau gouvernement centriste était né, le quatrième dirigé par De Gasperi : la guerre froide avait commencé. Les comparaisons historiques risquent d’être trompeuses et les différences entre De Gasperi et Salvini sont énormes, mais le résultat du voyage de Salvini aux Etats-Unis pourrait être, cette fois aussi, un changement de route, avec la fin du contrat entre la Ligue et le M5S et de nouvelles élections politiques après l’été. Quelqu’un pourrait avoir demandé au leader de la Ligue d’abandonner le M5S, parti ami de la Chine et du Venezuela, à son destin. Précisément avec la Chine, pour laquelle Conte avait exprimé toute son attention et sa sympathie, alors même que Salvini était en mission à Washington, les Etats-Unis ont commencé une nouvelle guerre froide dans les domaines technologique et commercial, par des sanctions très sévères. Même cette fois, la Maison Blanche veut comprendre ceux qui partagent sa lutte et ceux qui sont de l’autre côté. Dans la lutte pour l’hégémonie des grandes puissances, la neutralité des acteurs mineurs est impraticable, il faut toujours choisir de quel côté il faut se placer ».
EDITORIAL, M. Franco, Corriere, « Donald et Matteo : un mariage d’intérêt » : « Matteo Salvini fort en Italie, isolé en Europe, s’aplatit devant la Maison Blanche de Trump, se présentant comme une sorte de ‘’Boris Johnson méditerranéen’’. Il présente sa candidature au palais Chigi sur une ligne souverainiste, poussé par le numéro deux de la Maison Blanche qui le considère comme un levier pour déséquilibrer l’Union européenne. Après deux jours à Washington, Salvini, non seulement relance la coupe des impôts (‘’un devoir’’), mais aussi les mini-bons du Trésor, rejetés par Draghi comme étant d’illégaux et dangereux multiplicateurs de dette. Au-delà, il tente de démanteler les positions de politique étrangères que Trump désapprouve : des accords signés par Conte avec la Chine aux ambiguïtés du M5S sur le Venezuela de Maduro. Une Ligue qui prend ses distances de l’Europe ‘’allemande’’ et anxieuse de trouver des alliés alternatifs, devient-elle un allié subalterne et donc utile ? La question est la suivante : à quel point un leader de la Ligue qui promet et menace est en mesure de se détacher du contrat avec le M5S et de la toile d’araignée de Conte et de se mettre contre des dynamiques européennes plus fortes que toute velléité souverainiste, comme l’enseigne le Brexit ? Les négociations pour éviter la procédure d’infraction contre l’Italie s’annoncent difficiles. Elles le seront encore davantage à cause du soupçon de l’existence d’une « cinquième colonne » léghiste tentée par une rupture pour le compte de quelqu’un d’autre. La Russie de Poutine, autre phare de Salvini, observe et attend, depuis plus longtemps que les USA de Trump ».
ARTICLE, La Repubblica, Claudio Tito : « L’ordre des Etats-Unis à Salvini: « termine le gazoduc. » Washington craint le boycottage des 5 étoiles sur une opération stratégique contre la Russie. » : « De la rencontre américaine de Salvini, a émergé un point insoupçonné : le gazoduc relient l’Azerbaïdjan à l’Italie. En effet, pour les Etats-Unis c’est un instrument de grande importance géopolitique : pour réduire l’influence russe sur le Vieux Continent. Mais un tronçon ayant un impact sur l’environnement bloque actuellement l’achèvement du projet. Une commission d’évaluation, menée par le ministère de l’environnement, dirigé par le ministre 5 étoiles Sergio Costa, doit évaluer la situation. En effet, les 5 étoiles ont toujours été sceptiques sur ce projet, vieux cheval de bataille du Mouvement, à l’image de la TAV. Le message de Trump à Salvini est clair : terminer le gazoduc. Même si cela peut mettre en jeu, une nouvelle fois, les équilibres politiques italiens. »
EDITORIAL, La Repubblica, Ezio Mauro : “Un pays sans Occident.” : « Le voyage de Salvini aux Etats-Unis est historique. Salvini est aujourd’hui vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, chef du premier parti italien, et est le principal actionnaire de l’actuel gouvernement. Il ne lui manquait plus que l’investiture américaine. Salvini est allé à Washington comme ambassadeur du nouveau monde, comme leader de l’extrême-droite européenne. Il n’a pu obtenir un consensus nécessaire pour renverser les équilibres de l’UE durant les élections européennes : il cherche maintenant le soutien des Etats-Unis. En effet, les convergences sont nombreuses : du rejet de l’immigration à la baisse des taxes, en passant par le soutien au Brexit, et la guerre à l’alliance franco-allemande. Trump a également fortement critiqué Mario Draghi, le président de la BCE, accusé, par sa politique de relance, de faire baisser l’euro et de favoriser les exportations européennes au détriment du dollar et des intérêts américains. Salvini ne se positionne pas du côté de Draghi, mais de celui de Trump, il souhaite que l’Italie devienne « un point de référence », pour les Etats-Unis. Les deux pays se reconnaissent dans le souverainisme et le rejet des alliances internationales et du multilatéralisme. C’est une rupture avec le projet de l’après-guerre cherchant à contrer les rapports de force entre les Etats-nations par une coopération internationale, et une défense de valeurs occidentales comme la libérale-démocratie. En ce sens, nous devenons à l’image des Etats-Unis, un pays « a-occidental », coupé de ses valeurs démocratiques. Nous rejoignons les américains en nous coupant de l’Europe et de l’Occident. Rapidement, ils tenteront de nous faire sortir de l’Europe. Pour le moment, nous nous contentons d’être en dehors de l’Occident, sans débat parlementaire, sans réactions, sans rupture. »
COULISSES, I. Lombardo, Stampa, « Conte dégonfle la flat tax et cherche le pacte avec Macron » : « Au Palais Chigi, on dit Conte, qui a convaincu Salvini et Di Maio de ne pas déclencher une tempête, optimiste sur les fonds à trouver pour l’Europe et la rendre compréhensive aux raisons italiennes. L’aide imprévue de Mario Draghi et la conviction, née à Malte, que Macron a besoin de lui et de l’Italie pour conquérir la commission européenne et la BCE, nourrissent cet optimisme. Durant le Conseil européen qui s’ouvrira demain, il cherchera une confrontation bilatérale avec la plupart des leaders. Le ‘’plein mandat’’ qu’il sent avoir arraché à ses vice-présidents lui fait dire qu’il peut éviter la procédure d’infraction tout en maintenant les promesses faites à Salvini sur le fait qu’il n’y aurait pas de loi de finances corrective, et à Di Maio qu’il ne se ferait pas porteur d’une ‘’nouvelle austérité’’ ».
ARTICLE, Il Mattino, A. Pappalardo : « Sud, Conte relance : ‘’ Ainsi, le pays redémarre’’ » : « Le président du Conseil Giuseppe Conte s’est rendu hier à Naples, pour une mission au pôle technologique de la ville. Il a souligné que le Sud doit être soutenu par un plan de relance industrielle et technologique, pour faire redémarrer aussi l’Italie. Il a affirmé que le gouvernement doit investir davantage et que l’avancée passe par les résultats d’excellence et de compétitivité déjà obtenus. Il a ajouté qu’il faut récupérer la confiance réciproque et qu’il faut travailler avec beaucoup d’efforts et une vision stratégique précise du gouvernement ».
EDITORIAL, V. Cusenza, directeur du Messaggero, « Raggi est une incapable, Rome est en train de mourir » : «Mort d’une ville. Nous en avons raconté trop de fois le déclin. La catastrophe est visible par tous. La chute de Rome, nous la touchons du doigt chaque matin en sortant de chez nous : montagne de poubelles, trous dans les rues. Nous avons miraculeusement échappé aux incendies de bus et aux escalators cassés du métro, et il est impossible d’accéder au centre à cause des fermetures de stations. Les arbres tombent sur les voitures, sinon sur les passants, autre chapitre sur l’insécurité, à laquelle de nombreux quartiers sont abandonnés. La liste est longue. L’Atac (transports) est au bord de la faillite, l’Ama (poubelles) incapable de jouer son rôle et de garantir l’hygiène au-delà de la propreté, donnant une image de Rome déplorable au niveau international. L’Acea (électricité/eau), petit bijou aux comptes florissants, finit au centre d’une enquête dans laquelle est impliqué un président nommé par le M5S. Tout est bloqué, il faut des mois pour obtenir une carte d’identité. Et il y a un autre mythe qui s’est effondré : celui de l’honnêteté. Raggi ne gouverne pas et Rome se meurt. La carence du présent et l’absence d’avenir enlèvent à notre ville, qui est l’incarnation de l’Histoire, des perspectives historiques. Nous parlons d’un échec dont il faut tirer les conclusions définitives. Il faut, dans un sursaut du sens des responsabilités, passer la main. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Le vice-président des États-Unis Mike Pence et Matteo Salvini
Matteo Salvini et Mike Pompeo, Secrétaire d'État des États-Unis
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